Quatre mois après le lancement des concours professionnels et directs pour le compte de la session 2021 de la fonction publique, pendant que les derniers résultats continuent de tomber, le Directeur général de l’Agence générale de recrutement de l’Etat (AGRE), Ousmane Toé, fait le bilan à mi-parcours de l’organisation pratique. Il se prononce également sur les suspicions de fraude qui ont porté sur les concours professionnels de recrutement de contrôleurs des Eaux et Forêts et celui de recrutement des ingénieurs d’agriculture qui ont fait l’objet de plainte par le syndicat des travailleurs de l’environnement, du tourisme et de l’hôtellerie. Il revient aussi sur les grandes innovations et les difficultés qui ont marqué les concours de la fonction publique session de 2021.
Le Reporter : Quel bilan à mi-parcours de la session de 2021 des concours de la fonction publique pouvez-vous dresser à cette étape ?
Ousmane Toé : En termes de bilan, nous pouvons vous annoncer qu’à ce jour, au terme presque du processus, nous avons pu organiser 154 concours professionnels qui ont été ouverts. Nous avons tous les résultats d’admission finaux, sauf deux concours qui n’ont pas leurs résultats définitifs. En ce qui concerne les concours directs, nous avons 56 concours qui ont été ouverts. Il y a eu 48 résultats définitifs et il reste 8 en attente de proclamation. Parmi ces huit concours, il s’agit de quatre concours du ministère de l’Education nationale et quatre concours directs de paramilitaires. Les résultats du concours direct de paramilitaires ne sont toujours pas disponibles, parce que la visite médicale a été reportée au 27 septembre 2021 (NDLR : l’entretien a été réalisé le 24 septembre 2021).
Quelles ont été les grandes innovations de la session 2021 ?
Il faut souligner que nous avançons dans la consolidation des acquis avec les innovations majeures. Il faut souligner d’abord les inscriptions en ligne. Nous avons renforcé, amélioré notre plateforme d’inscription en ligne. Considérant l’évolution des effectifs des candidats, nous sommes parvenus à une plateforme fluide, rapide et très sécurisée. Par la suite, nous avons fait des innovations sur la composition en ligne des concours. L’année dernière, nous avons fait composer 87 concours en ligne, et cette année, nous avons fait composé en ligne 124 concours professionnels sur les 154 annoncés. Une autre innovation, c’est la question d’évaluation à travers les questions à choix multiples (QCM) qui est un excellent mode d’évaluations. Nous avons aussi poursuivi les paiements électroniques des concours. Autre innovation à souligner, il y a l’adoption des statuts particuliers avec 10 métiers et aussi l’instauration des passerelles au niveau des statuts particuliers. L’objectif de la passerelle c’est de permettre à un fonctionnaire de catégorie inférieure de pouvoir passer un autre concours de niveau supérieur relevant d’une autre famille d’emploi ou de métier. Une autre innovation à souligner est la célérité dans les délibérations et la diffusion des résultats des concours. Cette année, à titre pilote, nous avons fait composer 2 concours directs en ligne. Il s’agit du concours d’ingénieurs en agriculture et les technologistes biomédicaux.
Deux concours professionnels ont fait l’objet de plaintes de certains candidats. Qu’en est-il exactement ?
Effectivement, il s’agit des concours de recrutement des contrôleurs des Eaux et Forêts et celui des ingénieurs en agriculture. En ce qui concerne le concours de recrutement des contrôleurs des Eaux et Forêts, nous avions 537 candidats inscrits et 511 ont effectivement composé. Après l’administration des épreuves écrites, nous avons été saisis par le Syndicat national des travailleurs de l’environnement, du tourisme et de l’hôtellerie. Ils nous ont posé une dénonciation de cas de fraude et ont demandé une annulation des concours. En termes de dénonciation, le syndicat soutient que nous avons permis deux passages différents pour faire composer les candidats à un même concours à des heures décalées. Le syndicat nous reproche aussi d’avoir laissé deux candidats qui ne remplissaient pas les conditions prendre part aux compositions.
Pour cela, il demandait l’annulation du concours. Le syndicat nous a posé des allégations de fraude et de tentative de fraude. Pour mieux comprendre, le ministère de la Fonction publique a adressé une correspondance au syndicat pour lui demander d’apporter des preuves des allégations portées à notre encontre. Evidemment, le syndicat a répondu en nous donnant des noms de témoins. Dans la correspondance, ils ont apporté des informations complémentaires par rapport aux épreuves physiques et sportives qui se sont déroulées au stade du 4-Août. Ils ont soutenu qu’un candidat se serait fait passer pour quelqu’un d’autre pour prendre part à l’épreuve. Suite à ces informations complémentaires, le ministère a saisi la Police nationale, à travers la brigade de recherche, pour mener les investigations. Toutes les parties ont été entendues. Des candidats, le syndicat des travailleurs de l’environnement, du tourisme et de l’hôtellerie et des agents du ministère de la Fonction publique. C’est par la suite que la Police nationale, après ses investigations, est revenue nous voir pour nous signifier que suite à ses investigations, il n’existait aucune preuve quant aux dénonciations faites.
Le ministère a encore envoyé une correspondance officielle en date du 17 septembre 2021 au syndicat pour leur signifier que suite aux investigations menées par la police, il n’existe pas de preuve formelle face aux allégations de fraude. Les conclusions de la police ont relevé qu’il n’y avait donc pas de fraude. Par rapport à la dénonciation du double flux ou double passage des candidats pour les compositions, il faut souligner que ces compositions à double flux sont encadrées par le décret portant condition d’organisation d’administration des épreuves et de publication des résultats des agents professionnels des concours de la fonction publique en date du 12 juin 2020, en son article 11 qui stipule que « les épreuves écrites d’un même concours se déroulent les mêmes jours et mêmes heures dans tous les centres énumérés par les arrêtés d’ouverture sous le contrôle d’une et de plusieurs commissions chargées de l’administration des épreuves par centre ». Nonobstant les alinéas ci-dessus, les épreuves écrites d’un même concours peuvent être administrées en ligne. L’administration des épreuves écrites en ligne se fait s’il y a lieu, selon un ordre de passage qui tient compte des effectifs de candidats et des ressources informatiques disponibles.
C’est en fonction des effectifs des candidats, et des ressources informatiques que nous les informons à l’avance de leurs ordres de passage. Pendant que le premier groupe compose, l’autre groupe dans la salle d’attente est sous contrôle de la sécurité. Et ce double flux a également été fait avec d’autres concours sans problème. En ce qui concerne les contrôleurs des Eaux et Forêts, le syndicat nous reproche d’avoir laissé composer deux candidats qui ne remplissaient pas les conditions d’ancienneté pour prendre part au concours. Sur ce point, il faut dire que l’inscription se fait en ligne et les informations fournies sont faites sur la base d’une déclaration sur l’honneur. Et après cela, lorsque vous êtes admis, nous vérifions tous les documents et les informations pour nous assurer que vous avez rempli les conditions. S’il arrive que vous n’ayez pas rempli les conditions, votre nom est retiré de la liste des admis avec des possibilités de poursuites. Donc finalement, suite au résultat des investigations policières qui n’ont pas révélé des irrégularités, nous nous sommes dit que rien ne nous empêchait de proclamer les résultats. Et c’est ce que nous avons fait.
Quand aura-t-on les résultats de ces deux concours ?
Pour ce qui concerne les ingénieurs en agriculture, nous avons déjà publié ces résultats, parce qu’il n’y avait pas de preuves. Pour les contrôleurs des Eaux et Forêts, nous n’avons pas encore proclamé les résultats. Mais les délibérations sont prévues ces jours-ci et très bientôt, les résultats tomberont.
La composition par vagues est le principal reproche fait actuellement par les candidats, y a-t-il des solutions qui sont envisagées pour permettre aux candidats d’un même concours de composer au même moment ?
Nous allons renforcer nos capacités en termes de ressources informatiques pour faire face aux effectifs. Nous prévoyons une déconcentration de la composition des concours en ligne dans les chefs-lieux de régions. Les concours directs seront aussi, dans les années à venir, composés en ligne comme ceux professionnels.
Quelles ont été les difficultés majeures de la session 2021 ?
Les difficultés étant inhérentes à toute organisation, d’abord, au niveau des inscriptions, nous avons constaté que les candidats manquaient de beaucoup de communication. Sur le plan matériel, il faut souligner que nous avons beaucoup de besoins, surtout des moyens informatiques. Il y a aussi le budget alloué à l’organisation des concours qui est un peu problématique, avec les effectifs grandissants des candidats. L’on note également le fait que de nombreux candidats ne maîtrisaient pas l’outil informatique. Enfin, il y a le non-respect des conditions de candidatures par les candidats.